Quatre Camerounais arrêtés en juin dernier pour homosexualité ont plaidé coupables le mois dernier, préparant le terrain pour des peines clémentes et leur libération rapide.
Les quatre jeunes emprisonnés pour cause d’homosexualité à Kekem à l’Ouest du Cameroun en date du 9 juin ont été présentés au tribunal de première instance de Bafang le 28 juillet 2020.
En effet, on se souvient encore de cette affaire qui avait fait les choux gras de la presse camerounaise où un jeune homme que nous appellerons Charles a été contraint par sa famille et la police de dénoncer ses amants.
L’article 347 (1) du code pénal camerounais interdit les relations sexuelles avec une personne du même sexe, les rendant passibles d’une peine de prison de six mois à cinq ans et d’une amende de 20000 à 200000 francs CFA (31 à 307 euros).
Humanity First Cameroon (HFC) et Working For Our Wellbeing (WFW) à travers le projet PRIDES-CM (projet de renforcement de l’inclusion, la diversité et l’égalité des minorités sexuelles et de genre au Cameroun) avaient dépêché un conseiller juridique pour assister les détenus lors des différentes audiences.
Il leur avait été conseillé dans un premier temps de plaider « non coupable » afin de rejeter les accusations qui pesaient sur eux. Mais compte tenu du fait que le jeune Charles était passé aux aveux devant sa famille et la police, il fallait reconsidérer la stratégie de plaidoirie des avocats.
En effet, ils plaideront finalement coupables afin de permettre à l’avocat de mettre en avant les circonstances atténuantes, notamment le fait que l’aveu a été obtenu sous des menaces et la torture.
Le tribunal de première instance a donc rendu publiques les décisions suivantes :
- Les quatre jeunes hommes (Charles, Franck, Lincoln et Joël) sont coupables d’homosexualité et condamnés sur la base de l’article 347(1) du code pénal condamnant les rapports sexuels entre personnes de même sexe ;
- L’un d’eux est condamné sur la base de l’article 74 du code pénal en rapport avec le défaut de carte nationale d’identité.
- Charles écope d’un mois de prison ferme et de 50000 francs CFA d’amende. Les trois autres jeunes sont condamnés à verser une amende de 50000FCFA chacun
Face à ces décisions et étant donné que les familles des prévenus n’étaient pas disposées à payer ces différentes amendes, HFC et WFW ont apporté le soutien nécessaire afin que ces jeunes retrouvent la liberté. Les différentes maisons de refuge de Yaoundé et Douala dont disposent ces associations sont prêtes à accueillir ces jeunes pour une durée de trois mois afin de les accompagner vers une autonomisation.
Elles appellent donc à la solidarité communautaire afin que ces jeunes bénéficient d’un accompagnement psychologique adéquat après un tel choc traumatique.